Interview in Les Echos (in French): Tech will make the World a Better Place

Two weeks ago, I had the pleasure of hosting a salon dinner with members of French Founders prior to giving a keynote on the state and future of technology. It became quickly apparent that I was way more optimistic than most about the future of technology and humanity on every topic imaginable, especially climate change. I was seated next to Guillaume Bregeras of Les Echos who thought my perspective was interesting and interviewed me post my keynote. I am recreating the article.

GUILLAUME BREGERAS
Original article

Ce business angel poids lourd investit de plus en plus dans les start-up françaises avec son fonds FJ Labs. Les « Echos » ont rencontré ce Français basé à New York qui reste très optimiste sur la capacité de la Tech à améliorer le monde.

L’exaltation est à son comble. Sur la scène du Transatlantic Leaders Forum à New York organisé fin septembre par le réseau  FrenchFounders , Bertrand Picard, Luc Julia, Paul Graham et Fabrice Grinda viennent de se succéder. En coulisse, chacun d’entre eux est courtisé par les startuppeurs qui tentent de glaner au passage un conseil pour leur entreprise. Fabrice Grinda, l’entrepreneur et investisseur français (consacré premier business angel au monde par « Forbes » avec 545 investissements), accorde aux « Echos » une interview dans laquelle il aborde les secteurs qu’il privilégie pour investir, l’évolution de l’humanité et pourquoi il a choisi de ne vivre qu’avec moins de cent objets.

Pourquoi investissez-vous plus en France ?

Je suis opportuniste et je n’ai pas de règle géographique. Il s’avère que depuis deux ans, mon deal flow en France et l’écosystème français se sont nettement améliorés. Cela converge avec les mesures prises par le gouvernement en faveur de l’entrepreneuriat, ce qui explique nos  récents investissements dans Meero ,  Comet ,  Little Worker ,  PopChef ou Urgence Docteurs.

Considérez-vous un retour en France ?

Je me sens chez moi à New York avec une vie sociale, artistique et intellectuelle qui me stimule davantage qu’à Paris. Ici, j’organise plus facilement des dîners où se mélangent des personnalités pour débattre de l’avenir de la religion, de l’humanité dans un monde post-singularité ou de l’éthique.

Comment analysez-vous les tensions sur la valorisation de la Tech, avec l’exemple de WeWork ?

Beaucoup d’investisseurs n’ont pas réfléchit sur la nature Tech de ces entreprises. WeWork est très visible, mais n’est-elle finalement pas qu’une société d’immobilier avec quelques éléments tech ? Ces entreprises étaient valorisées selon les critères des entreprises Tech, alors qu’elles ne le sont pas, et le retour de bâton est dur.

Quels sont les sujets qui vous attirent en tant qu’investisseur ?

Je décline actuellement trois thèses d’investissement autour des places de marché : on verticalise par exemple eBay avec une market place de guitare. Cela peut paraître une petite niche, mais c’est un marché de 800 millions de dollars par an. On verticalise également UberEats avec une boite de commande de pizzas qui génère 400 millions de dollars par an. Ensuite, nous investissons dans des places de marché qui choisissent le fournisseur pour le client final. C’est une nouvelle tendance que démontre  Meero par exemple, qui choisit le photographe pour le client final car il sait optimiser sa sélection. La troisième tendance est la place de marché BtoB où le manque de transparence et le faible taux de digitalisation créent de nombreuses opportunités.

Comment les turbulences économiques et géopolitiques peuvent-elles affecter la croissance de la Tech ?

Sur le long terme, cela n’aura aucun impact. Sur les cent dernières années, malgré la grande dépression et les guerres mondiales, elle n’a pas été affectée. La qualité de vie n’est évidemment pas bonne durant ces événements, mais l’effet séculaire et macro de la tech améliore la qualité de vie des gens. Beaucoup de personnes se focalisent sur l’inégalité des revenus, mais si l’on regarde la mortalité infantile, l’espérance de vie où le nombre de jours de congés, tous les grands indicateurs se sont significativement améliorés. Mais tout n’est évidemment pas parfait. La tech évolue plus vite que nos systèmes politiques, le système éducatif n’est pas adapté aux emplois de demain, l’accès aux opportunités est très inégal en fonction de son lieu de naissance, et la mobilité sociale et géographique a baissé.

Comment expliquez-vous la friction entre les populations ?

Les gens ne se rendent pas compte de l’amélioration du niveau de vie, ne serait-ce que depuis 20 ans, et du privilège que constitue le fait de vivre en Occident. Nous ne sommes pas construits autour d’une approche de  gratitude , d’autant que l’information en continu nous donne l’impression que tout va mal à tout instant. L’amygdale de notre cerveau nous sensibilise à l’information négative car il y a 50.000 ans, lorsque nous étions dans la savane, il fallait être attentif aux dangers immédiats des prédateurs. Si ce monde n’existe plus, nous sommes toujours accrocs à ce type d’information.

Les chiffres clefsC’est le nombre de start-up dans lesquelles Fabrice Grinda a investi qui ont été vendues ou sont entrées en bourse. Il revendique un TRI (taux de rentabilité interne) de 60%.dans lesquelles l’investisseur a injecté des fonds, dont 42 françaises (Meero,  Privateaser ou VideDressing…)

Les entreprises Tech survendent leur capacité à créer un monde meilleur. Croyez-vous dans leur capacité à améliorer les choses ?

Absolument ! Notamment si l’on se pose la question des grands problèmes auxquels on fait face, comme l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Le prix de l’énergie solaire baisse et sa productivité augmente chaque année depuis 40 ans. Dans plusieurs régions du monde, elle constitue déjà une alternative économiquement plus intéressante pour produire de l’électricité, et le coût du mégawatt sera bientôt tellement faible que l’on pourra régler beaucoup d’autres problèmes, comme la désalinisation de l’eau. Il y a par exemple aujourd’hui une start-up qui transforme l’humidité de l’atmosphère pour créer de l’eau potable. Une autre qui travaille sur le génome de la plante lui permettant de consommer dix fois plus de CO2 qu’une plante traditionnelle, tout en ayant des racines plus profondes pour éviter qu’elle ne le relâche dans l’atmosphère une fois qu’elle meurt. Notre avenir est magnifique pour les quinze prochaines années.

Il y a quelques années, vous avez décidé de ne plus rien posséder. Pourquoi ce choix radical ?

C’est une question d’allocation de temps. Lorsque vous détenez quelque chose, cela engendre du travail supplémentaire. J’avais une maison, un appartement, une voiture et le nombre d’heures passées chaque mois à les entretenir, à gérer l’aspect administratif n’avait plus de sens car il diminuait la qualité du temps passé avec mes amis. C’est un processus itératif et désormais je loge dans des Airbnb, et je vie avec moins de 100 objets.

Les dates clés
1974 Naissance à Boulogne-Billancourt (92) 1996 Diplômé de Princeton et reçoit le prix de la meilleure thèse en économie. Il fonde sa première entreprise, International Computers. 1998 Cofonde et dirige Aucland, un site d’enchères qui s’inspire d’eBay. 2002 Fonde et dirige Zingy, une start-up spécialisée dans les jeux et sonneries pour mobiles, qu’il revend deux ans plus tard à ForSide pour 80 millions de dollars. 2006 cofonde OLX, un site de petites annonces locales racheté par Naspers en 2010 pour 189 millions de dollars. 2014 Vend toutes ses propriétés et ses biens pour retrouver une qualité de relation avec ses amis.
À noterFabrice Grinda lit une centaine d’ouvrage par an. Le dernier à l’avoir marqué est « Why We Sleep » de Matthew Walker. Selon lui, il lui a permis de revoir radicalement son rapport au sommeil.
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